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La légende du hérisson de Roujan

Dernière mise à jour : 19 janv. 2023

Écrit vers 1970 par Louis Ricciardi, maire de Roujan.


On y trouve aussi la chanson du "Roumégaïre" en patois languedocien qui était jouée, chantée et dansée en accompagnant les virevoltes du "Roumégaïre". Six enfants costumés, chantaient chacun un métier d'autrefois, disparu à savoir :

l'escarboulié (le sonneur de cloche),

lou tounalié (le tonnelier),

la bugadiéïro (la lavandière),

le faougnaïré (le fouleur des raisins),

la pastourello (la bergère),

lou couratié (le mesureur de liquide et de grains).





LA "TARASQUE"

Cet animal amphibie, se tenait sur les bords des rivières et des ruisseaux alors couverts d'épaisses forêts obstruant la navigation. Faisant des incursions sur la terre ferme, ce monstre légendaire dévorait tous les habitants qu'il rencontrait.

La tradition populaire raconte que Sainte-Marthe s'était jurée de dompter la "tarasque" en lui jetant de l'eau bénite.

Lancée à la poursuite de cet animal dangereux, Sainte-Marthe fut amenée à sillonner les cours d'eau. C'est ainsi qu'elle remonta la Peyne qui était autrefois une large rivière où l'eau coulait toute l'année en abondance.

Traversant Roujan, elle voulut s'assurer que la "tarasque" ne se trouvait pas dans le pays. Elle lança alors, comme d'usage, son armée de hérissons chargés de prospecter le pays et éventuellement de la défendre contre le monstre, tout en l'attirant vers elle.

La "tarasque" n'étant pas à Roujan, tous les hérissons se replièrent sauf un, qui, après le départ de la nef de Sainte-Marthe, fut recueilli, nourri, soigné, adopté par les habitants de Roujan jusqu'à la mort du petit animal.

Depuis ce temps, le "hérisson" est devenu le symbole légendaire de la protection de la ville de Roujan contre toute attaque venue du dehors.

L'histoire nous confirme la légende : vers le milieu de ce millénaire, époque assez trouble, le consul de Roujan avait offert couvert et logis à un sympathique étranger rencontré sur les bords du ruisseau de l'Oum. En fait, ce n'était qu'un espion à la solde de quelques bandes de pillards, ou seigneur ambitieux. Dans la nuit, furtivement, l'étranger fuit de chez son hôte ; mais malencontreusement, il met son pied nu sur un hérisson qui s'était échappé de sa cage (en effet, on gardait chez soi des hérissons qu'on préparait en des mets paraît-il succulents).

Au cri qu'il pousse, le consul s'éveille, trouve le "hérisson" étourdi en travers de la porte, et s'aperçoit de la fuite de son invité.

Il court alerter le corps de garde de la porte Saint-Laurent et organise la chasse.

Les questions que lui avait posées le voyageur, la veille sur la garde du lieu, la poterne entr'ouverte, tout pressentait le danger d'une attaque surprise.

Tout le monde fut rassemblé : le bailli, les consuls, le molinié, le couratié, l'escarboulié, lou tounalié, lou faougnaïré, la bugadieïro, la pastourello, etc.

On organisa la défense si bien que, lorsque l'ennemi se présenta au lever du jour, sur les conseils de son espion, croyant trouver une ville endormie, il fut surpris, se dissuada de passer à l'attaque, et s'enfuit.

Plus tard, quand le consul contait son aventure, il disait : "O roumégat et mé sioï lébat !". Les uns pensaient à l'étranger, les autres au "hérisson", en fait, c'est certainement les deux, mais ce dernier qui en obtint la faveur, aussi "lou qué roumègo", n'est-il pas "lou Roumégaïre" ?

De tout temps, les roujanais (quoique d'un caractère assez indépendant) ont su se donner la main face à l'adversité. Ils associent à toutes leurs manifestations populaires ce "Roumégaïre" qui est le symbole de leur union. C'est ainsi que pour commémorer son histoire, on peut le voir de nos jours sous l'aspect d'un animal gigantesque et fabuleux, confectionné par des mains habiles. La population, représentée folkloriquement par les corps de métiers du XVe siècle (époque supposée) nantis de leurs défauts et qualités, danse et chante en langue d'Oc le résumé de cette épopée.

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