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La stèle de Jules Roucayrol

Dernière mise à jour : 30 déc. 2020


Au-delà de l’arbre de Saint-Majan de l’autre côté de la Peyne, se dresse une stèle civile reconnaissable à sa couronne. Récemment restaurée, elle porte l’inscription « Au citoyen Jules Roucayrol, victime du coup d’état de Louis Napoléon le 2 décembre 1851 ». Pourquoi ce monument ?... et en ce lieu ? Un bref rappel historique semble nécessaire.

Durant les 18 ans de régime de Louis-Philippe 1er, la France s’industrialise, son agriculture se modernise, la paix est à ses frontières et les colonies contribuent à sa prospérité. Cependant, la souffrance du peuple est grande, les ouvriers harassés de labeur et miséreux.

Alors, les 23 et 24 février 1848, le Paris populaire se soulève, la révolte triomphe, le dernier roi de France abdique et se réfugie en Angleterre.

En mai 1848, la IIe république est proclamée et un neveu de Napoléon Ier, ambitieux et intrigant, est élu Président pour 4 ans. Avec l’aide de l’armée et des partis de l’ordre, il fomente un coup d’état le 2 décembre 1851. La troupe quadrille Paris, les députés sont arrêtés, le Sénat dissout, les opposants emprisonnés, toute résistance est vaine et en dépit du sacrifice du député « Baudin » haranguant les ouvriers du haut de la barricade, l’insurrection est matée. Dans le midi, à son tour la colère gronde, mais déportations et fusillades se multiplient. A Béziers, la troupe tire sur les manifestants rassemblés devant la sous-préfecture d’alors, derrière la cathédrale et 70 victimes jonchent le sol, l’ancien maire « Casimir Peret » mourra à Cayenne suite à une tentative d’évasion, deux malheureux républicains « Cadelard et Laurent » seront décapités sur La Citadelle, ce sera la dernière apparition de la guillotine à Béziers. Une répression impitoyable va s’abattre sur les villages du biterrois, Bédarieux, Neffiès, Riols auront leurs martyrs. A Roujan, on dénombrera 56 emprisonnements dont 35 déportés en Algérie et 2 qui n’en revinrent pas. Motif d’inculpation : « mauvais sujet, n’aime pas les riches, dangereux ». A Roujan, le 26 décembre 1851, un jeune plâtrier de 20 ans, Jules Roucayrol, tomba mortellement blessé, alors qu’il s’enfuyait pour avertir ses amis réfugiés le long de la rivière de l’arrivée des soldats. Un an après, le 2 décembre 1852, Napoléon III est proclamé empereur. Le 4 septembre 1870, suite à la défaite de 1870 contre les prussiens, Napoléon III s’enfuit et se réfugie en Angleterre.

Sept ans plus tard, la complainte du « Martyr de Saint-Majan » sera composée à Roujan et lue dans les écoles de la nouvelle IIIe République.

En 1883, le département vote la loi de réparations qui alloue une pension à 38 bénéficiaires de Roujan. La famille Roucayrol n’a rien reçu car son dossier était arrivé « hors délais ».

Un an auparavant, la municipalité de Roujan, monsieur Félix étant maire, vote un crédit de 300 Francs or pour l’érection de l’obélisque à la mémoire de ce jeune homme mort pour la liberté. Neffiès et Riols auront leurs stèles en hommage à leurs sacrifiés.

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